jeudi 7 juillet 2011

28 juin 2010 : témoignages des militants de l'action Forem

Cela faisait plusieurs mois qu'on préparait l'action. On a envoyé nos CV il y a 3 mois sans trop savoir comment la direction du Forem allait réagir. Mr Delbrouck nous a vraiment soufflé en admettant dès notre premier courrier qu'il n'y a clairement pas d'emploi pour tous. Alors on a eu l'idée de lui faire signer cette reconnaissance de manque d'emploi avec ses propres mots. C'était intéressant parce qu'en général le Forem défend toujours l'idée inverse.

Cependant, notre action ne visait pas le personnel du Forem mais bien le système de la chasse aux chômeur. D’après les militants en contact avec le personnel, ces derniers n’étaient pas tous du même avis que la direction qui refusait de signer quoi que ce soit comme attestation, et qui par conséquent refusait de s’opposer à la chasse aux chômeurs.

Voici ce que quelques militants rapportent de leurs échanges avec le personnel du Forem :

J : « Le moment le plus frappant à été au tout début de l’action, le rapport qu’on a mis entre nous et le personnel du Forem. Y’avait vraiment du respect de part et d’autre. Il fallait se faire connaitre et que le personnel sache pourquoi on était là. Et les gens n’ont pas eu peur de nous. »
Z : « C’était bon enfant comme premier contact, on pourrait durcir le ton. Certains nous prenaient au sérieux comme la directrice, mais certains riaient aussi. » « Quand on en parlait aux gens, ils disaient que ce n’est pas au Forem qu’il fallait aller mais à l’Onem. Les gens avait du mal à comprendre l’action. On était là pour leur expliquer. »
D : « Moi j’ai trouver le personnel très à l’écoute, certains on même pris des tracts pour en monter dans les bureaux situés aux étages. »
F : « Tout le monde savait pourquoi on était là, et certains ont pris le temps de discuter avec nous. »
M : « Il y a des gens au Forem qui sont avec nous, beaucoup plus que ce qu’on croirait. »
Le public semblait assez favorable à notre action. Voici ce qu’il ressort des discussions entre les passants et les militants :
M :« Les passants avec qui on a pu parler étaient parfois vraiment surpris par les chiffres. La majorité nous disait qu’ils nous soutiennent dans l'action. Certains sont restés manifester avec nous, et nous ont aidé à distribué des tracts. D'autres n'avaient pas le temps de se joindre à nous sur le moment, mais seraient bien restés s’ils en avaient eu la possibilité, même un délégué syndical de la CSC. »

Pendant que des militants distribuaient des tracts et sensibilisaient le personnel et les chercheurs d’emploi présent cette après-midi au Forem, les négociateurs on demandé à parler à la direction. Au départ, celle-ci a refusé de nous recevoir, nous invitant à venir en parler une autre fois.

Mais une fois les banderoles, la manifestation de soutien et les militants en place, le rapport de force a changé. Très vite, une salle de négociation a pu être improvisée face à la direction plutôt interpellée qui a fait appel à sa hiérarchie pour trancher.

Voici ce que nos négociateurs rapportent de l’action :

S : «Moi j’ai trouvé qu’ils étaient très tranquilles, très polis et plutôt ouverts. Mais je pense que c’était truqué dans la mesure où ils savaient qu’ils avaient une ligne hiérarchique à respecter. Pour moi ils se sont déresponsabilisés comme ça. »
M : « J’ai eu l’impression que la direction du Forem était embêtée, mal à l’aise. Elle essayait d’argumenter, pendant cinq minutes, je n’ai rien dit. Ensuite, quand j’ai commencé à parler, elle m’a dit qu’elle ne s’inquiétait pas pour moi, que j’avais de l’expérience et tout ça. Elle m’a conseillé de faire des formations alors j’ai sortis ma « farde de formations » que j’avais prise avec moi, j’en ai plus de 15 ! Elle s’est défendue en disant qu’il fallait que j’arrête et que je cherche du travail, alors je lui ai montrer ma « farde de recherches d’emplois », j’en ai plus de 100, sans celles où on ne m’a jamais répondu ! Je pense qu’on les a vraiment interpellé. En faisant ça, ils savent qu’on a raison.  Elle n’arrivait plus à nous contredire. C’est pour ça qu’elle a vite arrêté la discussion. Elle a dû se dire « si je signe ça, je vais me faire virer ». Ca l’embêtait, elle n’avait plus d’argument. »

Si le personnel et la direction du Forem de Verviers se montraient compréhensifs face à nos revendications, ils ont dû en référer à leur supérieur hiérarchique qui a refusé de signer quoi que ce soit comme attestation, y compris la citation de Monsieur Delbrouck. Les militants ont donc décidé de rester dans les locaux du Forem au-delà de l’heure de fermeture. La police de Verviers a été amenée à intervenir pour les évacuer. L’intervention s’est déroulée de manière très professionnelle. On les avait prévenu qu’on était non violent. Dans un premier temps, un seul agent s’est rendu sur place, les manifestants à l’extérieur lui on fait comprendre qu’il faudrait plus d’un agent pour dégager les militants bien décidés. Ensuite, une fois le « petit » renfort arrivé, les policiers nous ont demandé de partir sans résister parce qu’ils n’avaient pas assez d’agents mobilisables et pas assez de cellules pour une arrestation administrative... Les militants ne voyaient pas les choses de cet œil-là...

Les témoignages ci-dessous rapportent les relations que les militants ont eues avec la police.

: « Je pense qu’au départ, il avait l’impression qu’on faisait les rigolos en refusant de partir, mais nous on avait décidé de rester jusqu’à ce qu’on ait l’attestation signée. Symboliquement, on n’avait le choix que entre avoir l’attestation signée ou rester, ça n’aurait pas été crédible autrement. »
: « Le plus frappant c’était l’applaudissement de la police à la fin de l’action. Et ça avait l’air de leur faire tout bizarre, on les applaudissait sans les prendre pour des cons pour autant. »
L : « Ce qui m’a le plus marqué, c’était les relations avec la police, j’en rigole encore, pour essayer de me porter ils ont eu du mal ! »
D : « Avec la police au début j’ai senti l’adrénaline monter, mais on a vite détendu l’atmosphère en discutant avec eux.»
S : « Ils n’avaient pas assez de personnel, alors qu’on cherche du boulot ! »

Enfin, on a un peu désobéi pour dévoiler une contradiction flagrante du système. L’action a été bien médiatisée et elle peut l’être encore plus. On n’a pas eu notre papier, mais ce n’était qu’un prétexte pour mettre en évidence l’hypocrisie du système qui tient tant à rendre pour responsable ceux qui sont déjà victimes du manque d’emploi adapté à leur profil. Victoire bien appréciée de tous.
C : « Ok tout le monde, je trouve que c’était une bonne action, on a été satisfait du côté médiatique. Notre victoire on l’a eue et on en aura d’autres ! »

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