Les militants de la commission des travailleurs sans emploi (TSE) et de la Centrale « Jeunes » de la FGTB de Verviers et Communauté germanophone ont occupé les locaux du Forem verviétois. Nous avons manifesté contre le rôle joué par cet organisme dans une « chasse aux chômeurs » qu'on dénonce depuis des mois.
Ce lundi à 13h, un groupe de plusieurs dizaines de militants et de TSE ont investi le Forem de Verviers. Ils réclament au directeur la signature d'une attestation individuelle leur indiquant qu'il n'a pas d'emploi à leur proposer. Ils entendent ainsi dénoncer l'absurdité d'une « chasse aux chômeurs » organisée, alors que chacun reconnaît qu'il n'y a pas assez d'emploi pour tous les demandeurs.
La FGTB de Verviers et Communauté germanophone est engagée depuis la fin de l'année 2009 dans une sensibilisation de la population à cette réalité qui frappe durement les travailleurs les plus fragiles.
La FGTB de Verviers et Communauté germanophone est engagée depuis la fin de l'année 2009 dans une sensibilisation de la population à cette réalité qui frappe durement les travailleurs les plus fragiles.
Le groupe de TSE avait interpellé directement le directeur du bureau régional, voici plusieurs mois, en se proposant « d'activer le Forem plutôt que les chômeurs » (voir annexe) et de proposer à l'institution un contrat, à l'image de ceux qu'elle impose à certains TSE. Une quinzaine de curriculum vitae lui était adressée avec une demande claire : trouver un job correspondant aux profils (réels) proposés...
Dans sa réponse, le directeur du Bureau régional du Forem a fini par reconnaître au détour de son argumentation qu'il n'aurait pas « la prétention d'affirmer qu'il est possible de réinsérer toutes les personnes inscrites comme demandeurs d'emploi à court terme (ni même à moyen terme) et ce serait contraire à l'évidence de nier qu'il existe toujours à l'heure actuelle un déséquilibre significatif entre l'offre et la demande de travail. »
Dans sa réponse, le directeur du Bureau régional du Forem a fini par reconnaître au détour de son argumentation qu'il n'aurait pas « la prétention d'affirmer qu'il est possible de réinsérer toutes les personnes inscrites comme demandeurs d'emploi à court terme (ni même à moyen terme) et ce serait contraire à l'évidence de nier qu'il existe toujours à l'heure actuelle un déséquilibre significatif entre l'offre et la demande de travail. »
Aujourd'hui, les militants de la FGTB de Verviers demande une confirmation publique de ce constat en continuant de revendiquer un moratoire sur les sanctions prises dans le cadre du contrôle de la disponibilité des chômeurs tant que dure la crise.
Les raisons de la colère
Depuis 2004, un plan de contrôle des chômeurs est mis en œuvre dans le cadre de leur « activation ». Il soumet, en fait, le maintien du versement d'allocations de chômage à l'appréciation par un examen à l'Onem du comportement individuel de recherche d'emploi et des efforts déployés, non pour « trouver » l'embauche mais pour la rechercher. Cette démarche est absurde en période de destruction de postes de travail !
Des milliers de TSE ont déjà été sanctionnés, perdant provisoirement ou de manière définitive leur droit à une allocation de chômage. Chacun reconnaît aujourd'hui, au moins du bout des lèvres, que ce sont les travailleurs les plus fragiles qui sont le plus touchés par ces mesures. Ce sont les moins scolarisés qui éprouvent le plus de difficultés à remplir le contrat qui leur est imposé.
Le dernier rapport de l'Onem montre ainsi qu'un chômeur bruxellois sur 60 a une « chance » d'être sanctionné pour 1 chômeur flamand sur 105. En Wallonie, c'est un chômeur sur 29 qui a été sanctionné en 2009 ! La loi Vandenbroucke a donc des effets discriminatoires. Elle conduit à sanctionner davantage les TSE dans les régions où l'emploi est le plus manquant ! Absurde, disions-nous...
Le site du Forem propose actuellement quelque 580 offres d'emploi pour plus de 15 000 chômeurs recensés dans la partie francophone de l'arrondissement.
Les militants TSE de la FGTB dénoncent encore l'obligation faite de s'inscrire dans des filières de formation sans débouché sur l'emploi et l'obligation d'envoyer des dizaines de CV qui ne seront pas lus vers des entreprises qui n'embauchent pas... Cela conduit à accepter n'importe quel emploi et à faire pression sur les conditions de travail et de rémunération de ceux qui ont un boulot, et à qui on explique que des dizaines de volontaires seraient prêts à prendre leur place, éventuellement pour moins cher !
Ce plan n'a pas créé d'emploi. Il conduit, au contraire, à culpabiliser ceux qui n'en ont pas, ceux à qui on explique qu'ils seraient les responsables de la situation. Puisqu'ils n'auraient pas « le bon comportement de recherche » d'un emploi qui n'existe pas pour eux.
Les TSE de la FGTB de Verviers rappellent avec force la responsabilité des entreprises qui bénéficient d'importantes réductions de cotisation sociales sans obligation d'embauche, et qui ne sont pas gênées de licencier alors qu'elles réalisent des profits considérables !
« Le chômage est une assurance contre la perte ou l'absence d'emploi. Par nos actions, nous voulons montrer combien est criante l'absence de travail en cette période de crise. Nous voulons dire combien sont injustes les sanctions qui frappent les TSE les plus fragiles. C'est la sécurité sociale qui est remise en cause jusque dans ses fondements. Si aujourd'hui, nous avons choisi d'investir le Forem, c'est d'abord parce c'est l'institution qui, normalement, devrait « accompagner » les demandeurs d'emploi. Or, le Forem s'est progressivement inscrit dans la même logique de culpabilisation des TSE. Nous sommes venus lui demander de manière non-violente d'accompagner notre démarche qui vise la suppression du contrôle de la disponibilité », explique Fabian Vigne, porte-parole du groupe des TSE de la FGTB de Verviers et Communauté germanophone.
Si le personnel et la direction du Forem de Verviers semblaient accepter nos revendications, ils ont dû en référer à leur supérieur hiérarchique qui a refusé de signer quoi que ce soit comme attestation, y compris la citation de Monsieur Delbrouck. Les militants ont donc décidé de rester dans les locaux du Forem au-delà de l’heure de fermeture. La police de Verviers a été amenée à intervenir pour les évacuer. L’intervention s’est déroulée de manière très professionnelle.
« Le Forem nous a démontré qu’il était partie prenante de la chasse aux chômeurs. Le directeur a bien voulu reconnaître par courrier privé qu’il n’y avait pas assez d’emploi pour tous, mais lorsqu’on demande au Forem de le faire publiquement, il refuse. Ça montre bien qu’il faut continuer le combat contre la chasse aux chômeurs, nous reviendrons ! » (Marie, militante).
Dans le contexte de la préparation de la formation d’un nouveau gouvernement, la FGTB de Verviers souligne que la question du contrôle de la disponibilité doit être plus que jamais à l’ordre du jour. Les chômeurs wallons sont objectivement discriminés dans la chasse aux chômeurs. Celle-ci n’a aucun sens en général et en période de crise en particulier. Un moratoire des sanctions doit être d’urgence mis en œuvre. Et cela, alors que le Bureau du Plan ne prévoit pas d’amélioration en termes d’emploi d’ici 2015. le monde politique doit plancher d’urgence sur d’autres politiques industrielles et d’emploi qui intègrent notamment des démarches de réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.
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