Article de Camille Maignien pour le journal C4 d'une certaine gaité :
…« Moi, j’ai décidé de chasser les pauvres… Comme je vous l’ai dit, ils ne font jamais rien pour essayer de s’en sortir. D’ailleurs, les pauvres quand ils travaillent c’est pour les riches, donc ils enrichissent les riches. Alors, il ne faut pas s’étonner qu’ils soient toujours aussi pauvres… »
Au travers de cette mise en scène théâtrale, Fabian et les jeunes de la centrale FGTB de Verviers ont choisi le thème de la pauvreté en le traitant par l’absurdité et l’humour pour amener les gens à réfléchir sur une situation actuelle : celle du chômage.
Fabian au cours de sa performance artistique va faire un parallèle avec les chômeurs en essayant de vendre deux chômeurs à deux faux employeurs interprétés par Simon et Vincent : « Alors, voici la première pauvre que j’ai à vous présenter : 45 ans, employée administrative très, très flexible. Je vous la fais à 1400 euros ». « Trop cher », répond un des employeurs. Le deuxième demande : « A-t-elle un permis ? ». Fabian répond après avoir posé la question à la pauvre jouée par Félicita (bénévole à la centrale « jeunes ») : « Non, non, elle n’a pas de permis, je vous la fais à 1200 euros ». Puis Fabian continue de la brader et la vend finalement à 800 euros. Il remet donc cette pauvre qui a les mains attachées avec une corde comme une esclave à la domination d’un des deux faux employeurs. Puis c’est au tour d’un étudiant interprété par Christophe …
Toute cette absurdité dans cette mise en scène pour dénoncer la situation du chômage en Belgique et en particulier celle des jeunes. En investissant le tonneau de Diogène, Fabian et les jeunes de la centrale ont voulu faire passer un message au public. La démarche du tonneau, son dispositif simple leur a plu. Cette démarche rentre tout à fait dans le cadre des actions que Fabian mène auprès des jeunes et moins jeunes sans emploi de la centrale de la FGTB : « Un tonneau c’est simple, on peut le transporter partout, l’emmener dans une administration. Il faut juste dépasser cette peur du « ça ne se fait pas d’habitude ». Dans le cadre du tonneau, le spectacle s’invite, il vient au public. Et le fait que le public réponde, ça montre qu’il adhère et qu’il est prêt à dénoncer cette situation avec nous. J’ai trouvé le public attentif. J’ai entendu des rires sur certains passages du texte et surtout le public se demandait ce qui se passait, il était surpris. »
Pour Fabian, toutes les mesures prises pour combattre le chômage comme le système d’activation des chômeurs, le contrat Win-Win (un type de plan Activa)… ne font que l’aggraver, stigmatiser les chômeurs et accroître leur précarité pour beaucoup. Aussi, ce Diogène a permis à Fabian et aux jeunes de la centrale de pouvoir s’exprimer sur une situation qui les touche directement. En investissant un espace public, une ruelle avec un tonneau comme scène, ils ont eu la possibilité de montrer leur engagement politique. Quand on pose la question à Fabian à savoir si ce Diogène est une nouvelle forme d’engagement politique, il répond : « Je n’ai pas le recul nécessaire pour affirmer cela. Mais pour moi, ça fait partie des stages de désobéissance civile non violente (1) que j’organise avec les travailleurs sans emploi de la centrale. On est là-dedans, le fait de bousculer les gens dans leur train-train quotidien. Le fait de ressortir ce tonneau et que cela ait autant de succès prouve le manque d’espaces publics pour s’exprimer. Notamment pour toute une partie de la jeunesse qui se sent exclue et qui a l’impression de ne pas avoir de place sociale, ni par le travail, ni par rapport à ses désirs, ses idées. »
Besoin de nouveaux espaces, de se réapproprier l’espace public pour s’exprimer, dénoncer une situation, le dispositif Diogène est tout ça à la fois. A la fin, Fabian montre un panneau avec des chiffres du chômage pour la région de Verviers : 15000 demandeurs d’emploi pour 495 offres sur le site du Forem… Ça laisse songeur…
Camille Maignien
Source : http://c4.certaine-gaite.org/spip.php?article1824
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